Faune urbaine et perceptions de la nature en ville
Quelques faits saillants de l’étude conduite par l’Hepia dans le cadre du travail de diplôme de Madame Virginie Anthonet :
- Le « bien-être » est le principal avantage associé à la Nature en ville (cité par 80% de l’échantillon étudié), suivi par « la qualité de l’air » (38%) et les « services paysagers » (23%).
- 273 espèces caractérisent la faune urbaine de Genève, dont 21% figure sur la Liste Rouge. Plus l’urbanisation s’intensifie, plus le nombre d’espèces sur Liste Rouge diminue.
- Les mésanges, écureuils et coccinelles sont les espèces les plus appréciées de l’échantillon étudié – à l’opposé, l’orvet est plus controversé.
- Sans explication, certains aménagements pour la faune peuvent être perçus comme du manque d’entretien : communiquer est primordial pour favoriser leur acceptation par la population.
Le canton de Genève, par sa loi sur la biodiversité, et dans le cadre de son Programme Nature en ville, prévoit la réalisation d’inventaires de la faune et de la flore présente dans la zone urbaine du canton. Le volet flore ayant déjà été effectué, le présent travail s’insère dans le cadre du volet faune réalisé à la demande de l’office cantonal de l’agriculture et de la nature.
Inventaire de données, science participative et entretiens
Une base de données regroupant des observations faunistiques recensées entre 2000 et 2018 a permis d’étudier la biodiversité urbaine de Genève. Ces données sont issues d’inventaires réalisés par des spécialistes sur des groupes cibles (coléoptères du bois, oiseaux nicheurs et chauves-souris) mais également de la science participative. En effet, le canton de Genève a lancé plusieurs plateformes permettant aux citoyens de signaler les espèces qu’ils observent, par exemples, Faune Genève, lancé en 2013 et Safari dans ma ville, lancé en 2017. Ainsi, toutes les observations issues de la participation de la population, ont été également prises en compte.
Pour le deuxième volet qui compose cette étude, les perceptions de la nature en ville par la population ont été analysées grâce à la réalisation de cent entretiens. Les questions composant l’entretien ont finalement aboutit à une structure en cinq parties portant sur plusieurs aspects de la nature en ville.
Faune urbaine de Genève
L’analyse de cette base de données, doit également permettre de comprendre comment l’urbanisation impacte-elle la répartition de certaines espèces. Suite à des travaux menés par le Conservatoire et Jardin Botanique de Genève, un périmètre nature en ville (PNV) a été défini. Il se base sur un découpage en entités spatiales appelé GIREC (Groupe Interdépartemental de Représentation Cartographique) catégorisés selon un degré d’urbanisation défini : très urbain, urbain, moyennement urbain et peu urbain.
L’inventaire de la biodiversité urbaine faunistique met en évidence que le PNV abrite une richesse spécifique importante. Ainsi ce sont 273 espèces qui caractérisent la faune urbaine typique de Genève. De plus, 21% des espèces caractéristiques du PNV se trouvent sur Liste Rouge. Ce résultat indique que l’espace urbain constitue un réservoir non négligeable pour ces espèces menacées.
Chaque catégorie de GIRECs présente une composition faunistique qui lui est propre. L’analyse de la base de données révèle que l’urbanisation impacte la répartition des espèces. Cette tendance a notamment pu être validée par des tests statistiques. Par exemple, plus l’urbanisation s’intensifie, et plus le nombre d’espèces sur Liste Rouge diminue.
L’urbanisation impacte également les quatre guildes NEV, ainsi les mesures visant à la les favoriser sont d’autant plus importantes. En effet, dans les zones urbanisées, il est possible de maintenir la biodiversité avec certaines mesures dont la finalité est la préservation de la biodiversité. Par exemple, l’aménagement d’habitats propices à la faune comme l’aménagement d’étangs, de tas de pierres ou encore de tas de bois. Toutefois, ces mesures avérées pour la biodiversité, ne sont pas forcément comprises par la population.
Perceptions de la nature en ville par la population
L’enquête a révélé que l’EPG était favorable à la NEV pour différentes raisons. Elle leur offre notamment un cadre agréable qui est nécessaire à leur bien-être et qui leur permet de se détacher du milieu construit. Elle contribue également à améliorer la qualité de l’air et de tempérer la ville. L’échantillon de la population s’est montré également favorable aux mesures permettant de favoriser la biodiversité en ville en précisant que la communication de leur utilité était primordiale pour favoriser cette acceptation.
L’analyse des entretiens en prenant en compte d’une part les résultats découlant de l’analyse de la base de données mais également des perceptions de ces petits biotopes par l’échantillon de la population.
Grâce aux entretiens, une série de préconisations en termes d’orientation d’aménagement et de gestion de la NEV a pu être établie pour les quatre guildes qui composent la nature en ville :
Minéral
- Installer des nichoirs à martinets dans les secteurs où cela est possible, sinon trouver des solutions visant à intégrer des zones refuges dans le bâtiment (ex : briques de nidification)
- Aménager des tas de pierres dans les secteurs adéquats avec des explications sur leur utilité
Prairial
- Installer des zones de prairies fleuries dans les secteurs adéquats en informant le public sur leur particularité
- Si les conditions le permettent, favoriser des secteurs dont le mode d’entretien s’effectue par pâturage
Arboré
- Aménager des tas de branches dans les secteurs adéquats avec des explications sur leur utilité
- La population tient fortement à la préservation du patrimoine arboré, et notamment les gros et vieux arbres. La mise en place d’exclos autour de ces arbres pour les maintenir est une mesure perçue de manière positive par la population
Humide
- Aménager des étangs en contexte urbain apporte une plus-value considérable pour la population
- La population apprécie les étangs pour la biodiversité qu’ils abritent, en particulier, les canards et les grenouilles